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Histoires Des Invitées

Armless For Ever

Par Rubberjohn

 

 

Whore se retrouve quelques heures plus tard dans la nuit profonde du puits où elle a nouveau enfermée. La procédure bien rodée l’a rapidement conduite au fond de ce puits étroit et fétide qui la projette bien loin du monde brillant qu’elle a connu. Etre esclave pour elle représente cette déchéance programmée où rien ne lui est autorisé, ni volonté, ni plaisir, ni relation émotionnelle. En ce sens, le parcours qui a été le sien au cours des dernières années répond parfaitement à son désir. Mais la nouvelle sentence qui lui a été signifiée, traduite dans l’avenant à son contrat qu’elle a accepté de signer, ouvrent des perspectives nouvelles. Et malgré le prix de cette nouvelle orientation, elle en ressent un nouveau plaisir. Elle imagine, au fond de son puits, retrouver une capacité de décision, certes limitée au champ professionnel, mais régénérant sa capacité d’analyse que ces années n’ont jamais sollicitées, l’éteignant chaque jouer un peu plus. Au fond, le seul intérêt de cette lente descente dans la dégradation est son caractère volontaire, lucide, conscient. A quoi bon subir les pires traitements si le cerveau, centre de tous les désirs, ne fonctionne plus ? Le SM auquel elle aspire n’est plus seulement physique, elle en a connu tous les aspects. Il se situe dans la transgression de tous les tabous. Mais dans une société où l’exhibitionniste est devenu le mode normal de fonctionnement de toutes les institutions, la transgression est beaucoup plus complexe. Il ne suffit plus de se faire tatouer « putain » sur le front pour en vivre vraiment la réalité, pense-t-elle. La nature des tatouages explicites qu’elle a pu découvrir sur les sites web relativise son audace.

Ces pensées alimentent ses réflexions avant qu’elle ne trouve facilement le sommeil, capacité que les pires tourments n’ont pas réussi à altérer chez elle.

Quelques temps plus tard, durée qu’elle est incapable d’évaluer, elle est ensuite extraite de sa cellule liquide, pour être nettoyée au jet comme à l’accoutumée et habillée. C’est une combinaison latex épaisse, avec un très long plug anal, sous un pantalon et un trench en vinyl, qui lui sont installés avant que l’on remette le masque métallique, dont la membrane intérieure en latex est ensuite gonflée l’isolant parfaitement du monde extérieur. Rien de surprenant, pense-t-elle, totalement habituée à ce traitement de routine. A sa grande surprise, ses bras sont laissés libres…

Elle est ensuite poussée dans le coffre d’une berline qu’elle devine grande, car elle y a beaucoup de place. La voiture se met en route pour un long parcours, surtout sur autoroute, qu’elle évalue à plusieurs heures… Elle a largement le temps de s’endormir à plusieurs reprises, et doit uriner à plusieurs reprises dans sa combinaison étanche. La fin du parcours sinueuse lui laisse entendre qu’ils la conduisent dans une région montagneuse. Suisse ? Allemagne ? Puet-être plus loin car elle connait les ressources de l’Organisation en Europe centrale… Quoi qu’il en soit, la voiture s‘immobilise, elle est extraite du coffre, remise debout et après quelques instants elle retrouve son équilibre pour marcher seule, le sol est sans aspérité, bétonné sans doute, on la conduit par un ascenseur dans une pièce pour la déshabiller entièrement, à nouveau la laver, sans lui retirer le masque métallique…. Puis elle est étendue nue sur le ventre sur une table dont elle peut penser qu’il s’agit d’une table d’opération. Solidement sanglée aux jambes, au ventre, son masque métallique vissé sur la table elle est totalement soigneusement immobilisée. Ces préparatifs ne lui ont pas laissé le temps de réfléchir, mais elle a confiance dans les engagements de l’Organisation, son amputation ne sera pas immédiate.

« Bonjour Whore. Je suis le chirurgien dont a parlé ton ancien patron et ton futur mentor. Tu es ici pour préparer la suite de ton évolution c’est à dire, comme tu t’y es engagée, l’amputation totale des bras. Il est convenu que c’est une démarche irréversible mais pour t’aider dans ton futur nouvel état, tes bras vont être immobilisés dans une situation de douleur permanente qui te fera désirer que leur ablation soit rapide. En même temps tu apprendras à marcher et à vivre sans cet auxiliaire essentiel que l’évolution nous a légué, mais en même temps la plupart des espèces animales n’ont pas cette fonctionnalité qui n’est donc pas indispensable. Il suffira que tu t’y habitues et que tu trouves les solutions aux problèmes pratiques que cette simplification corporelle va susciter. Tu verras que les mains et les bras sont dotés de beaucoup de fonctionnalités utiles, qui même si elles ne sont pas indispensables a permis de développer des usages civilisés : tenir une fourchette, un verre, se laver les dents, par exemple, ou encore simplement se gratter le nez ou se moucher. Pour tous ces gestes totalement intégrés dans notre culture humaine, tu devras trouver des parades, ou vivre des situations humiliantes, ou mieux encore dépendre encore plus de ton entourage. Tu constateras aussi que les bras sont très utiles pour l’équilibre de la marche, pour se relever… Bref, tu vas réapprendre à vivre en soumise en implorant la clémence de ton entourage pour manger, boire, te coucher ou te relever ! Beau programme pour une femme douée comme toi de la plus belle imagination SM qu’il m’ait été donnée de rencontrer. J’ai pu en effet observer tes talents dans de nombreuses scènes où tu t’es livrée au cours des dernières années, j’étais parmi les participants, anonyme.

Alors que vais-je faire aujourd’hui ? Pour te préparer à ton état futur, il m’a été demandé de fixer tes bras de manière définitive par un système mécanique qui va t’immobiliser de façon qui sera irréversible dans quelques semaines, compte tenu de l’atrophie des muscles que l’immobilisation totale va créeer. Il s’agit de t’équiper de bracelets métalliques aux poignets, aux coudes et aux biceps qui seront fixés entre eux de façon rigide en te maintenant dans la position que tu connais déjà bien, dite de prière inversée, les mains pointées vers le crane. Ce système rigide sera collé au niveau des poignets, et les biceps seront réuni par une tige dotée d’un micromoteur électrique qui millimètre par millimètre va rapprocher les bras de façon continue, tirer sur les articulations des coudes et des épaules et ceci, je l’espère, de façon douloureuse. Il faut que l’ablation définitive, qui ne surviendra que dans quelques mois, et que j’aurais le plus grand plaisir de réaliser soit vécue comme une libération… »

The Whore n’est pas surprise par ce récit, maintes fois imaginé dans ses rêves éveillés au fond du puits où elle est « stockée ». Elle a pleinement conscience de vivre une de ces étapes de son chemin initiatique qui concrétise des rêves destructeurs les plus intenses. Tout ceci elle l’a lu, imaginé, si souvent que le déroulement de ce scénario ne la surprend plus. Elle pense tout à coup à son amie Whore dont elle n’a plus de nouvelles. Elle aimerait l’étreindre en ce moment précis où elle prend conscience qu’elle ne pourra plus jamais le faire. Elle se demande ce que vit Whore dans son obscurité totale, désirée. Toujours accrochée comme un insecte au centre d’une toile d’araignée ? Ou peut-être déjà achevée dans une séance débridée de folie meurtrière dont le marché est friand ?

Le chirurgien ne lui laisse pas le temps de trop réfléchir au sort de son amie lointaine. Elle sent que les bracelets métalliques sont fixés sur ses poignets et les écouteurs dont est doté son casque transmettent le dialogue entre le chirurgien et ses aides. Elle entend distinctement le clic de la fermeture définitive des bracelets sur ses poignets, elle sent les muscles de ses bras également emprisonnés par une très large et lourde bande métallique, également verrouillée. Puis ses bras sont installés dans la position décrite. Elle sent que ses mains sont rapprochées et que la colle puissante fusionne la matière des deux bracelets. Puis la fameuse tige rassemble les deux bandes métalliques des biceps, une tension est appliquée, bloquant toute velléité de mouvement. L’opération est achevée. Evidemment pour elle la sensation n’est pas nouvelle, elle a déjà vécu ce type de bondage courant des bras, et elle ne réalise pas encore son caractère irréversible, ni douloureux, sa flexibilité naturelle et entretenue lui permettant de supporter aisément ce type de tension. Mais elle va vite comprendre que ce mécanisme n’autorise aucun mouvement. Et qu’elle devra vivre comme cela au moins plusieurs mois.

Elle sent qu’on la détache, puis on la met debout. Elle avance prudemment dans le noir du casque, soutenue par quelqu’un. On la rhabille et elle constate que ses vêtements latex n’ont plus de manches, devenues inutiles. Puis elle retrouve le fond du coffre de la voiture qui l’a conduite dans cette clinique lointaine pour un voyage retour qu’elle effectuera le plus souvent endormie.

De retour à son point de départ, au moins l’imagine-t-elle, elle est extraite du coffre pour être à nouveau guidée par une main secourable. Elle croit reconnaître à la configuration des lieux la maison où elle est incarcérée. Elle sent qu’elle est conduite dehors, ce qui ne lui laisse plus de doute, encore moins quand elle est installée dans un épais sac latex très serré , puis sanglés encore plus étroitement, et que son masque est raccordé au système d’alimentation en air et en liquide nutritif. Elle sent qu’elle va être à nouveau immergée dans le puits. Effectivement, elle est hissée par un treuil puis progressivement descendue dans le puits dont elle sent les parois. Arrivée au fond, elle sait qu’elle va à nouveau subir une phase d’isolement et d’immobilisation pour vivre l’expérience de la perte de sensibilité de ses membres supérieurs. Elle ne tarde pas à sombrer à nouveau dans le sommeil et de vivre ce cycle particulier des personnes soumises à un bondage intense, partagées entre sommeil, rêve éveillé et état de conscience, où il est rapidement difficile de conserver la lucidité et la mesure du temps.

Au terme d’une période indeterminée, Whore est extraite du puits, reconduite dans la maison, où tout en conservant son masque, elle est lavée et préparée : une combinaison de latex mince, dont elle ne voit pas qu’elle est translucide, une jupe longue en vinyl, un blouson vinyl sans manche, et des escarpins à hauts talons… Un client , pense-t-elle. En fait, elle reconnait rapidement la voix de son nouveau mentor, son « référent » dans le vocabulaire de l’Organisation, un gestionnaire d’actif en quelque sorte, chargé d’exploiter au mieux son potentiel sans engagement émotionnel.

« Bonjour, Emma. Je ne peux en contemplant le corps de cette belle femme oublier le nom de celle que tu fus jadis ! Bien que tu sois Whore, et exploitée comme telle, j’apprécie pouvoir utiliser à nouveau tes multiples talents. Mais tu sais le monde bien changé avec la crise de 2008. Les banques sont soumises à un contrôle serré, les paradis fiscaux difficiles, les gens sont devenus prudents. Il va falloir déployer tes talents pour gérer au mieux cette Organisation dont tu vas découvrir les étonnantes ramifications. Il y a une très belle idée dans cette situation : poursuivre une gestion active de ton potentiel dans la prostitution dont je ferai en sorte qu’elle soit la plus sordide, comme tu aimes le vivre, et exploiter ton talent économique et financier. Pour commencer, as-tu apprécié les talents de mon ami ? Et ce n’est qu’un début bien sûr. Tu vas te faire rapidement à ton nouveau statut et tu vas être équipée des outils les plus modernes de réalité virtuelle, à travers ton casque, et de commande vocale. Tu pourrais manipuler, si j’ose dire, toutes les données nécessaires à ta nouvelle mission. Nous avons prévu un bureau un peu particulier où tu seras totalement immobilisée le temps nécessaire à tes misisons. Puis tu seras soumise aux tourments multiples qu’impose ton statut, et ton désir le plus profond, tout ceci, comme il convient, entrecoupé de séjours au fond du puits que tu as appris à connaitre. Voici ta nouvelle vie, Whore. Heureuse ? »

Sans attendre de réponse, improbable, il la pousse contre un poteau où il l’attache solidement. Puis il se saisit d’une cravache et se met à lui cravacher très doucement les seins. Cette sensation réveille les sens d’Emma, qui instinctivement tend sa poitrine vers la cravache. Puis progressivement il accélére le rythme et l’intensité de ses coups précisément maîtrisés, manifestant un art accompli de la cravache, ce qui excite totalement Emma qui reconnait dans ce traitement beaucoup plus de subtilité érotique que les manières brutales avec lesquelles elle est traitée. Ce rythme graduel fait monter des sensations oubliées, un désir qu’elle croyait enfoui dans son sexe oublié et mutilé. Mais l’accélération de son rythme cardiaque trahit un désir profond. Il le comprend parfaitement et intensifie son action. La douleur envahit sa poitrine, seul organe encore intact de son passé féminin. Et l’incroyable se produit. Un orgasme issu du fond de son corps et qui explose dans sa tête la ramène à un état de désir brut, celui qu’elle a connu antérieurement avec Peter. Tellement sollicitée par cette excitation intense, elle s’évanouit, retenue par les sangles au poteau. Un aide vient connecter le masque à une bouteille d’oxygène et rapidement elle retrouve sa respiration.

« Bienvenue dans le monde du travail au sein de l’Organisation, Emma, il faut que tu te familiarises avec ta nouvelle fonction et il y a beaucoup à faire ! »

 

La suite: Emma + Whore - arms = The new equation

 

 

© THE BDSM CIRCLE - LE CERCLE BDSM 2017