Histoires Des Invités

 

Le Loup 12

Par Arkann

 

** RAPPEL : Cette série possède des thèmes parfois sombres pouvant ne pas convenir à tous. **

Un club très sélect. L’atmosphère ici était feutrée, distinguée, le décor d’un très bon goût. Les manières des gens étaient sophistiquées. Vaya m’avait mené ici. Ce lieu était réservé aux gens ayant une certaine affluence, et une grande influence. Son but était sombre, mais même sur Kivat, des moyens d’arriver au même but existaient –de manière beaucoup plus restreinte- tout à fait légalement.

Ici, même les prédateurs devaient avoir un certain standing. Dans mon cas, l’invitation de Vaya avant été la clef de mon accès. Une sorte de club lupin gonflé aux stéroïdes, mais visant principalement les proies influentes, qui désiraient rencontrer des prédateurs dotés d’un même degré de standing qu’eux. Très snob.

Ici, un prédateur pouvait prendre proie en ayant la conscience tranquille, en sachant que cela n’était pas seulement accepté et désiré, mais voulu. Des proies sur-endoctrinées, ou encore en fin de vie et voulant l’achever avec tout le potentiel de leur endoctrination les frappant de plein fouet. Tout était fait pour qu’ils puissent pleinement savourer leur Endoctrination. Il y avait une électricité dans l’air…

On avait remarqué mon arrivée. Un loup mâle, c’était rare. Et puis, il y avait ces rumeurs à mon sujet, cette intense spéculation dans certains milieux… j’étais au bras de Vaya, qui était très élégamment vêtue. Ici, des règles strictes s’appliquaient, pour les prédateurs comme pour les proies. En surface, la dignité et le décorum devaient être respectés. En privé… tout était permis. Même en public, en autant qu’il était possible de l’ignorer, beaucoup était permis.

Tout était distingué, en surface. Mais si on grattait… il y avait une bibliothèque bien garnie, des livres à la couverture de cuir dont le titre et l’auteur étaient inscrits en lettre dorées sur la tranche. Mais en passant à côté, il m’était possible de voir certains titres très suggestifs comme « L’art de la chasse » et « Gastronomie féline ». Un cerf était assit dans un siège de cuir ancien, un verre de porto dans une main, tenant un livre ouvert et dont chaque page avait une photo ou un dessin érotique très artistique, dans son cas montrant une tigresse avec un cerf.

Et puis il y avait cette odeur délectable qui flottait. Quelque-part, un lièvre rôtissait, certainement un membre du club qui avait rencontré son prédateur. Ici, il était trop facile pour le prédateur sommeillant en moi de prendre le contrôle. Heureusement, Vaya ne cherchait pas à me convaincre d’assumer ce rôle que la nature voulait de moi; elle voulait simplement me présenter à une personne influente, une partie de mon paiement pour le cadeau qu’elle m’avait fait avec Valérie… et les fonds requis. Valérie était peut-être une ‘esclave’, mais sa famille avait dépensé argent et faveurs pour l’envoyer à l’Académie, et un Maître qui se respectait s’assurait que cette famille voyait un retour sur son investissement. Même avec mon salaire actuel, j’aurais difficilement été capable de rencontrer mes obligations.

Vaya m’avait assuré que ce n’était pas une violation des lois de Kazin sur le monnayage du temps libre d’un loup. En ce moment, elle regardait en direction d’une petite renarde des sables qui portait le bracelet de la Caste des Maîtres de Shavayan. La curiosité était marquée sur le visage de Vaya, à la vue d’une de ses compatriotes.

Il y avait un fumoir, ou les gens pouvaient savourer des cigares raffinés tout en sirotant un porto ou un whiskey. C’est la ou nous attendait cette personne, une biche d’un certain âge, la Baronne de Montrignac. Elle me regardait avec intérêt. Une poignée de main ferme. Elle avait une voix plaisante, mais une attitude hautaine, même envers Vaya. Depuis Aurore, j’avais passé plusieurs nuits avec des louves faisant partie de la Noblesse, et je n’avais pas aimé ces expériences. La Noblesse, avec un grand ‘N’ et qui ne laissait personne l’oublier. Elle avait le rire facile, mais je sentais sa nervosité.

Le personnel nous amena des cigares et à boire. Le petit rituel de préparation du cigare était intéressant, mais fumer –c’était la première fois pour moi- était loin d’être l’expérience plaisante que je m’étais imaginé, tirant quelques sourires de mes compagnes de table. J’arrêtai vite, malgré leurs conseils. Ce n’était pas pour moi.

Éventuellement, « j’ai demandé à Vaya d’être discrète sur mes intentions, vous concernant. Ma famille et la sienne nous connaissons bien, depuis des siècles alors, vous comprendrez, lorsque Vaya est entrée dans notre système planétaire, j’ai tout de suite pensé à elle, et je lui ai demandé une faveur, qu’elle a eu l’amabilité de m’accorder. Je comprends que cette faveur est conditionnelle à la vôtre, et ne vous engage en rien. »

Elle savoura une bouffée tirée de son long cigare mince, puis, « je crois que vous comprenez fort bien la signification de ma présence ici, » elle me dit, et je hochai de la tête. « Beaucoup est possible, ici, mais ce que je recherche est… plutôt difficile à obtenir. Il y a l’aspect de discrétion –elle m’est profondément importante, car je serais embarrassée de voir les détails paraître dans l’un de ces torchons qui nous affligent-, il y a l’aspect que j’ai toujours désiré voir mes…idées réalisées par un loup… et ce même loup doit être bon chasseur. Sur notre planète, cette combinaison existe certainement, mais elle est si rare que je ne l’ai pas trouvée. Sans compter que cela demandera beaucoup de… mon partenaire. »

Elle fit une petite pause, ce qui laissa le temps à Vaya de glisser quelques mots, « si tu acceptes, tu ne me devras plus rien, Arkel. Mais sens toi très libre. »

Je hochai de la tête, très curieux.

La biche continua, son regard ne lâchant pas le mien. « Ma famille possède une part dans un territoire de chasse. Il y a bien des Duchesses, qui n’ont pas un tel privilège. Je crois que vous aimerez. Je désire être chassée par une meute de loups. Je souhaite que le mâle dominant de cette meute fasse usage de moi comme bon lui semble. Je lui résisterai. » Elle se pencha proche de moi. Visiblement embarrassée, ses oreilles frémissant. En un soupir elle me dit, « je désire être… prise… très… fermement. » Je pouvais la sentir et, malgré la fumée, aisément humer ce besoin qui la faisait brûler.

Elle se recula un peu. « Je ferai ce qu’il faut pour me montrer utile à cette meute, afin qu’ils m’épargnent. Jusqu’au jour où je ne serai plus capable de convaincre le mâle dominant, qui… prendra soin de moi, où laissera ce plaisir à sa louve dominante. »

Presque malgré moi, j’étais excité par ce scénario. Le prédateur sommeillant en moi était aguiché, en surface, et m’influençait. « Une meute de deux loups, ce n’est pas très grosse meute. »

« Ce sera assez, » elle me dit. « De toute manière, seuls le loup et la louve dominante auront un rôle à jouer et, excepté pour le début, et peut-être la fin, ce sera vous qui aurez le rôle principal. » Encore un moment d’embarras, et elle se pencha vers moi. À voix basse, « le temps que j’aurai avec vous est précieux. Jamais je n’aurai existé uniquement pour mon plaisir personnel. Mon appétit… sera grand. J’aimerais vous voir jouer le rôle d’un loup qui, sans être cruel, voit sa proie comme existant uniquement pour assouvir ses besoins. Une proie, rien de plus, à qui l’on ne doit absolument rien. »

Son langage corporel dominant, sa diction, sa manière de me regarder… tout cela m’horripilait. « Vous ne serez plus Baronne, à mes yeux. »

Un amusement profond dans ses yeux, et je compris alors qu’elle faisait par exprès avec ses manières. « Je ne serai plus rien. Rien qu’une proie, » elle confirma.

Pouvais-je tenir ce rôle? Oui. Aisément. Une relation assez différente de celle que j’avais avec Valérie.

« Je serais disposé à participer, mais seulement si le but n’est pas la prise de votre vie, mais sa préservation, aussi longtemps que possible. »

Elle y pensa quelques moments, puis, « je suis d’accord, en principe, mais il viendra un jour ou j’aurai besoin de plus que ce que vous pourrez m’offrir tout en poursuivant ce but. »

Je lui tendis la main. Le marché était conclu.

**

L’aire de chasse privée était une vaste caverne au plafond bas –cinq étages, mais avec les dimensions de cette aire…- qui avait été aménagée. Il y avait un petit lac, des ruisseaux, des étangs, des arbres et de la végétation partout. Tout avait été emménagé : les murs, le plafond… il pouvait y faire jour, ou nuit. Il pouvait pleuvoir. La température pouvait être changée. L’un des murs ressemblait à une falaise, et il y avait même une chute qui tombait dans le lac. Les piliers ressemblaient à des troncs d’arbre majestueux.

Cette aire faisait quatre kilomètres carrés. La part de la Baronne lui permettait l’usage exclusif de ce lieu plusieurs fois l’an.

L’air ici était spécial, avait une saveur étrange qui faisait écho dans le plus profond de mon être. La végétation, les animaux qui y vivaient, tout provenait de la Terre. Comme dans l’une des vastes forêts qui couvraient l’Europe. La biche nous avait montré l’endroit ou sa mère l’avait mise au monde. Sa mère aussi avait été sur-Endoctrinée.

La Baronne était perdue, quelque part dans cette vaste aire. La chasse était en principe commencée, mais… j’étais trop excité. C’était la forêt, une forêt comme sur la Terre. Les odeurs. Les sons. La lumière. C’était la situation.

Moi et Vaya étions presque nus, vêtus uniquement d’une ceinture pour supporter un couteau et un sac en cuir contenant certains items, suivant les désirs de notre proie. Et je prenais Vaya, la sur le sol, comme une bête en rut. Vaya n’était pas mieux, laissait libre cours à sa voix, tout comme je le faisais. Il ne faisait aucun doute que notre proie savait ce que nous faisions.

Je mordillais le cou de Vaya, mes mains sur ses hanches. Un grognement. « Je te la donnerai, lorsque tu seras en chaleurs et que tu voudras un enfant. Tu lui diras, que je te mettrai enceinte, lorsque tu en auras terminé. »

Elle cria, plus fort, puis me soupira en retour. « Elle voudra nous voir copuler, nous voir engendrer la vie… avant de prendre la sienne… » Elle vibrait, ma Vaya, comme moi. Elle ne voulait pas être enceinte, pas tout de suite, pas avant d’avoir réglé notre contentieux, mais je savais, qu’au moment présent, si elle avait été en chaleurs, si la biche avait été présente pour voir, elle aurait accepté de se faire engrosser, sans plus de discussion. Elle se serait ravisée, mais au moment présent…

Un plaisir sans sophistication, sauvage, comme des bêtes. Elle donna voix à son plaisir avant moi, un hurlement vibrant de vie et de désir, et j’ajoutai bientôt ma voix à la sienne, mon orgasme encensé par la connaissance que notre proie devait certainement entendre, se masturbait sûrement, au moment même.

Une demi-heure plus tard, nous chassions.

J’avais joué la proie pour les Chasseresses de mon monde, et je n’avais donc jamais chassé, mais les aptitudes étaient les mêmes. Quant à Vaya, elle avait souvent chassé. Suffisamment pour se mériter des honneurs sur Kivat.

Nous nous déplacions silencieusement, nez et oreilles aux aguets. Notre proie connaissait ces lieux comme le dos de sa main. Elle voulait une chasse, une vraie, ou elle avait une chance de nous échapper, au moins cette fois ci.

Vaya et moi… nous n’avions jamais chassé ainsi, mais c’est comme si nous l’avions toujours fait, tout venant aisément, naturellement, de vieux instincts à l’œuvre, complétant cette complicité que nous partagions.

Ici, dans cette forêt, avec ces odeurs qui… caressaient l’animal sommeillant en moi… des instincts, des désirs, des presque souvenirs. C’était la première fois que je sentais certains d’entre eux. Des sensations exaltantes. Jamais je n’avais été aussi proche de l’animal à partir duquel les humains nous avaient créé.

Une heure passa, puis une autre, notre chasse méthodique, chaque senteur poursuivie. La biche faisait tout pour nous confondre, nous perdre, mais ses techniques, je les connaissais intimement. Des fois c’était Vaya, des fois c’était moi, mais nous éventions rapidement chacune de ses ruses, retrouvions la piste.

Nous étions proche… et j’avais cette érection puissante, qu’il me fallait protéger des branches. Je n’y pouvais rien, trop profondément affecté, et il en allait de même pour Vaya. La nuit tombait.

Vaya m’arrêta d’une main, me regarda. Un sourire carnassier, une lumière sauvage dans ses yeux. Je savais que mon sourire était tout aussi féroce, mes yeux tout aussi inquiétants. Elle leva son museau, et je fis de même. Un hurlement conjoint, résonnant de désir, vibrant de besoin. Le plaisir de la chasse, si intense. Un hurlement presque langoureux. Une promesse.

Et puis je m’élançai, bondissant au-dessus des obstacles, Vaya à mes côtés. Vaya, que je n’avais jamais tant aimée qu’à l’instant présent. Partenaires de chasse. Et notre proie, qui était proche, qui avait été profondément affectée par notre hurlement, s’élançant hors de sa cachette, en une fuite éperdue, sonore. Elle était plus rapide que nous, pour le moment, mais elle ne nous échapperait pas, pas dans une course de longue haleine.

Et bientôt… les ombres s’allongeaient dans la forêt… la vision de sa petite queue blanche et touffue, levée haut, la première chose d’elle que je vis. Un regain de vigueur de sa part, mais ça ne durerait pas. Et, comme de fait, peu de temps après, elle était de nouveau en vue… et nous gagnions rapidement du terrain.

Ce sprint final, un instinct me disant d’y aller maintenant. Et puis le bond prodigieux. Une collision violente qui nous envoya rouler le long de la berge boueuse d’un ruisseau. Je tentai de la saisir, mais le choc nous sépara… Vaya était la, fondit sur notre proie. Une proie qui la surprit d’une passe de judo parfaitement exécutée, qui utilisait l’inertie de la louve. Peine perdue pour la biche. Elle se débarrassa momentanément de la louve, mais j’avais regagné mes pieds, et était sur elle avant qu’elle puisse me faire face. Un autre choc violent, qui la sonna, me permit de l’écraser sous mon poids… et la prendre à la gorge.

Je pouvais sentir le battement effréné de son cœur. Dans mes oreilles, son halètement rapide. J’étais à peine essoufflé. J’aurais pu la poursuivre pendant des heures. Je n’étais plus moi-même, était ce prédateur qu’elle désirait tant. Elle était figée, sentant mes dents autour de sa gorge. Son odeur terrifiée, étouffée par la senteur exaltante de ce désir la consommant. Mes genoux entre les siens, forçant l’ouverture de ses jambes. Brutalement, je la pénétrai, la fit gémir. Elle était si mouillée, si totalement prête… je ne lui avais pas donné trois coups de reins que déjà elle jouissait, intensément, son plaisir quintuplé par la puissance de son Endoctrination.

Vaya était accroupie au dessus de la face de notre proie, son museau entre ses mains, et ce frottait contre son doux duvet, épandait son odeur sur elle, la marquait comme étant sa proie. Nous allions la marquer selon les règles, plus tard, copieusement. Pour le moment, tout ce qui comptait, c’était de la faire nôtre, d’en faire usage, sans égard à ses désirs. Si puissant… si intense… je me perdais dans les sensations. Et elle, qui jouissait, sans arrêter, de manière presque douloureuse. J’aurais voulu durer plus longtemps, mais c’était impossible, intense comme il ne m’avait été que rarement possible d’avoir. Elle allait être endolorie, la biche, car je n’avais pas été tendre.

Que de satisfaction, en me retirant d’elle, de regarder entre ses jambes, pour contempler son sexe qui « clignait », déchargeait la visqueuse évidence de sa prise, incapable de complètement se refermer. Son corps, à moitié enfoncé dans la boue d’un gris-brun bordant le ruisseau. Et ma fourrure, qui était toute sale. Maintenant que je n’étais plus sur la biche, Vaya pouvait se tourner, mieux s’accroupir. Et puis, sans demander, sans avertir, elle marqua le museau et le visage de sa proie avec son odeur, un sourire carnassier sur son visage. Et notre proie, cette Baronne qui avait tout fait pour paraître hautaine… réduite à se faire marquer ainsi, comme la plus commune et bassement née des proies. Elle… en jouissait, incapable de se retenir.

Et Vaya, qui lui murmurait que la biche n’était plus que venaison… et moi, qui lui enjoignit d’attendre, de voir si cette maigre proie pouvait être engraissée un peu. Je la pinçai, comme pour sentir sa chair, ce qui la fit gémir lourdement. Une fois terminé son marquage, Vaya guida le museau de la proie vers son sexe. « Lèche moi, petite proie. Laisse moi voir si tu vaux la peine qu’on te laisse en vie, le temps qu’on mette un peu de viande sur tes os… »

Mon érection revenait à grands pas. Vaya. Un grognement profond. J’allais la baiser, la, au dessus de la biche, qui verrait tout, de très près… mais je devais attendre, relégué au rang de simple spectateur, que cette fière baronne plaise ma compagne avec sa langue…

Le Loup 13

 

ŠLE CERCLE BDSM 2006