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Histoires Des Invités

La Passion D'Esther

Par Esther Langlewich

 

Initiation Entre Filles.

Longtemps mes relations avec Igor campèrent dans les prés fleuris des phantasmes enfantins. Dans ma naïveté de pucelle attardée, je ne comprenais pas ce qu’il attendait. Je ne saurais d’ailleurs pas traduire vraiment les sentiments qui l’animaient. C’est pourquoi, afin de mieux comprendre ce qu’il ressentait et les frustrations qui furent les siennes (et qui expliquent peut-être la violence de son sadisme d’aujourd’hui) je lui laisse la plume pour ce chapitre de ma biographie.

« Esther et moi avions rendez-vous chez elle, dans un petit appartement situé derrière le parc Monceau. Je me réjouissais par avance de ce que j’espérais et qu’elle me refusait, je ne sais pourquoi. Et cela m’agaçait. Je rêvais pour ce soir d’une soirée à deux, dans l’intimité, et qui se terminerait la nuit-durant par quelques longues et gentilles galipettes dans le lit. Nos rapports sexuels n’auraient rien d’extraordinaire, mais ils m’apporteraient la jouissance du conquérant. Il me fallait « percer », dans tous les sens du mot. Tel était mon phantasme et ma perversion ; j’imagine que les couples mariés s’installent dans une routine de ce genre. Cependant, ce soir, ce serait très différent ; car ce serait pour elle la première fois. Mon bas-ventre me titillait un peu plus qu’à l’ordinaire : sur le conseil d’un collègue de travail j’avais visionné la veille au soir L’amour en aveugle, d’un metteur en scène suisse quasi inconnu, Gérald Nicod. C’était l’un de ces films prétendument érotiques où l’on voit en gros plans des phallus et des orifices. Ce film racontait l’histoire d’un couple qui pimentait ses relations en faisant l’amour les yeux bandés. Pas de quoi fouetter un chat –ni une chatte- ; mais cela avait suffi pour exciter mon bas-ventre.

Esther m’attendait. Selon une pratique bien établie entre gens de bonne compagnie, elle nous sert un Kir. Nous trinquons ; elle saisit son verre, d’un trait en boit la moitié, puis s’installe confortablement sur le sofa. Je m’approche, m’assoie à côté d’elle, lui entoure le cou avec mon bras. Mais, alors que j’attendais de sa part un prolongement tendre, Esther me prend doucement le bras et l’éloigne de son cou. « Non, pas ce soir, dit-elle ». Je ne sais que répondre. Je ne dis rien. Pour me donner une contenance, je prends mon verre et sirote mon Kir à petites gorgées. Je suis très déçu, mon bas-ventre se crispe un peu plus ; mais je ne veux pas m’avouer vaincu sans chercher à savoir. D’un air le plus détaché que je peux, je lui lance, faisant allusion à ses règles : « C’est le jour de la lune ? » Elle répond par un vague « non ».

Je porte doucement la main vers son genou, pensant que, comme dans un repas, l’appétit sexuel vient en mangeant. Mais à peine ma main avait-elle atteint la frange de sa jupe, que je me senti fermement saisi au poignet. En écartant ma main, elle me redit « Non, Igor, pas ce soir. » Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je fais semblant de m’intéresser à autre chose, mais qui, par un chemin détourné, pourrait nous ramener au sujet qui m’intéresse. « Tu sais que Simon Fraisse a retrouvé une petite amie ? » - « J’ignorais qu’il avait quitté Emilia. » - « C’est plutôt Emilia qui l’a quitté. Elle trouvait Simon, à ce qu’elle a dit à Christine qui me l’a répété ‘pas assez entreprenant au lit’. Ce qui est un paradoxe pour quelqu’un qui, dans sa vie professionnelle, est entrepreneur… en maçonnerie. » Esther ne saisit pas l’allusion de l’entrepreneur pas assez entreprenant. Alors je prends une voie directe : « Pourquoi pas ce soir ? Entre gens qui s’aiment, quoi de plus naturel que faire l’amour ! » - « Tu veux vraiment le savoir ? » - « Bien sûr, tout ce qui touche à ton intimité m’intéresse prodigieusement. » - « Eh bien, je vais te le dire : Je ne suis pas dans mon assiette parce que, cet après-midi même, j’ai rencontré une ancienne copine de classe. » - « Cela n’a rien de surprenant ; et ça peut même être réjouissant, répondis-je. » - « Au contraire, cette rencontre a été pour moi traumatisante. » - « … ?... » Après quelques instants, Esther m’explique : « La honte m’a gagnée, parce que sont remontées tout à coup dans ma mémoire les petites trahisons que je lui ai fait subir lorsque nous étions adolescentes. » - « Esther, tes scrupules t’honorent, mais ta mauvaise conscience est vraisemblablement sans objet, n’est-ce pas ? » - « Non, Igor, tu ne peux pas comprendre. »

Alors Esther se lance dans une sorte de monologue que j’entrecoupe pour arriver à mes fins : « Igor, à la différence de moi, tu ignores tout de la perversion des filles. Tu es simple comme un enfant. » - « Mais, quand on est jeune étudiante, ce ne pouvait être que des enfantillages. » - « Jeux d’enfants, peut-être, mais où j’ai découvert en moi un penchant profond que je refuse. Ma copine m’a initiée à un certain plaisir sexuel. Nous avons fait ensemble les découvertes les plus simples dont une fille peut rêver avant de rencontrer son premier grand amour. Nous avons exploré nos points sensibles, provoqué des sensations inconnues. Je ne regrette nullement ces premiers plaisirs. » Je l’interromps : « Mais alors, votre rencontre de cette après-midi aurait dû être des plus agréables. » - « Ce fut apparemment le cas. Mais j’ai donné le change. » - « Eh !... Pourquoi donc ? » - « Parce que, au milieu de toutes les belles images remontées de ce passé, m’est apparue quelque chose d’un peu effrayant, dont je n’avais vraiment jamais pris conscience jusqu’à aujourd’hui. » - « Mais quoi donc ? Tu es certainement en pleine illusion rétrospective. » Esther hésite un long moment avant de m’avouer : « J’ai découvert que, derrière ces bonheurs à fleur de peau d’une initiation sexuelle entre filles, se cachait de ma part une volonté perverse. J’ai trouvé du plaisir à la tromper ; je l’ai trahie une ou deux fois, comme ça, sans raison. Aujourd’hui, je ressens ces deux gestes péniblement, et cela m’a mis mal à l’aise cet après-midi devant elle. »

Esther vide son verre d’alcool ; ce qui me donne le temps de réagir : « Alors, tu aurais voulu que le passé n’existe plus, ou du moins qu’il n’en reste dans ton souvenir que les côtés les plus agréables. Mais je suis certain qu’il ne s’agissait que de peccadilles, que ton imagination gonfle à l’excès. »

Esther reprend sa respiration. - « Non, Igor. Ce qui me trouble tant, ce soir, c’est que j’ai vu dans ces enfantillages, comme tu dis, une tendance profonde, qui m’effraie et que je refuse. » Devant mon air interrogatif, Esther raconte : « Nous devions avoir entre seize et dix-sept ans, nous étions en classe de Terminale au Lycée Michelet. C’était à l’issue d’une séance de gymnastique, pour changer de tenue je me suis retrouvée dans une cabine, seule avec elle. J’avais un pubis assez bien fourni, mais le sien était rasé de près. Son pubis devait être blond comme ses cheveux, et on ne voyait pas même une ombre ; ce bas-ventre lisse et blanc me fascinait. Elle s’en aperçu et me dit : tu peux toucher, si tu veux. Avec appréhension, j’approchais la main, doigts en avant ; mais, prise d’une intuition subite, au lieu de caresser sa peau du bout des doigts, je saisie ma copine par le bas-ventre, le pouce collé sur son mont de Vénus, et trois doigts plaqués sur sa chatte. Elle sursauta, mais, au lieu de me repousser, me prit le cou et me plaqua un baiser sur les lèvres. Je retirais ma main. Nous n’avons pas été plus loin ce jour-là. » – « Je ne vois rien de répréhensible là-dedans ; c’est une expérience que toutes les filles ont pratiquée, seules ou entre copines. »

Ignorant ma remarque, Esther poursuivit : « Lors d’un goûter d’anniversaire d’un garçon de notre classe, nous nous sommes retrouvées, ma copine et moi, devant le cabinet de toilette à l’étage. Sans nous être concertées, nous nous sommes enfermées dedans. Nos ébats furent mal commodes, et nous nous contentâmes de caresses réciproques à l’endroit le plus sensible de nos corps encore sans expérience. En sortant, nous nous heurtons au fils de la maison, le garçon qui fêtait son anniversaire. Que faites-vous-là, toutes les deux ? Nous devenons rouges de honte. Si vous voulez vous amuser, il y a mieux à faire que de s’enfermer dans ce cagibi. Ouvrant une porte qui, nous l’apprîmes plus tard, était celle de sa chambre, il nous pousse dedans. Attendez-moi là. Nous ne savions que penser. C’était une chambre de garçon, des posters de motos sur les murs, une table en désordre, des vêtements jetés sur le lit. Notre camarade revint trois minutes plus tard portant dans la main un bol rempli de glaçons. Il nous les montre : si vous voulez vraiment vous amuser, prenez un glaçon et introduisez-le dans votre bas-ventre. Vous verrez, c’est plus jouissif qu’une caresse de midinette ; pendant une minute, c’est cuisant, ajouta-t-il, puis la glace fond en laissant une impression des plus agréables. Nous nous regardons, l’air étonné. Notre copain compris assez vite : Ah, je vois, vous avez encore l’aiguillette nouée. Eh bien, ça ne fait rien, mettez-vous le glaçon comme un suppositoire, par derrière ; c’est presque aussi jouissif. Ma copine et moi, nous n’osions esquisser le moindre geste. Ça va, j’ai compris, vous ne voulez pas que je vois votre petit cul. Puis il quitta la chambre. Ma copine ne bougeait toujours pas. C’est moi qui pris l’initiative : allez, courbe-toi en t’appuyant sur la table, les jambes bien droites, légèrement écartées. Je lui remontais sa jupe sur le dos, baissais sa culotte, saisis un glaçon déjà fondant ; au moment où je veux l’enfoncer dans son petit trou, le glaçon glisse à terre, je le ramasse. La deuxième tentative est la bonne. Immédiatement, ma copine fait une affreuse grimace, … mais ne cherche pas à expulser l’intrus ; deux minutes plus tard, la jouissance annoncée par le garçon est au rendez-vous. Ma copine explose de joie : veux-tu essayer ? J’accepte. Ce fut le premier d’une longue liste d’intromission dans mon postérieur ; car, comme je te l’ai dit, je suis encore vierge du côté de la rose d’amour. » - Esther reprend haleine. Profitant de l’interruption, je constate l’évidence : « Je ne vois toujours pas ce qu’il y a de répréhensible dans cette histoire. C’est comme si tu te sentais coupable de tes masturbations de fillette. Tes scrupules n’ont aucun sens. Si c’est ça qui bloque ton désir de relation sexuelle avec moi, alors je ne comprends pas, je donne ma langue au chat. » Je ne peux pas résister à la tentation d’un gentil jeu de mots, et j’ajoute : « Si tu le veux, je donne ma langue à ta chatte. »

Sans relever l’allusion au cunnilingus, Esther poursuit son récit : « Les débuts ont mélangé le plaisir à deux et les gestes coquins. Mais les gestes coquins, de plus en plus pervers, ont fini par dominer mon imagination. C’est de cela que je souffre en y repensant. » - « Esther, tu te fais des idées, j’en suis certain. » - « Non, Igor, écoute plutôt : à la sortie des cours, nous primes l’habitude de passer ensemble quelques minutes. Les premiers temps, nous nous enfermions toutes les deux dans un cabinet ; ça puait l’urine et l’étron mal séché, mais, dans l’excitation où nous étions, nous ne les sentions pas. Puis dès que j’eu ma chambre d’étudiante pour moi seule, ce fut plus confortable. Nos jeux n’allaient pas très loin. Ce que nous avons pris pour la pire perversité fut lorsque je lui demandais de lécher avec sa langue mon minou. Elle accepta en me faisant promettre de ne rien dire à personne. Quelle naïveté ! Un jour, après quelques caresses intimes, elle me proposa un gage. Accepte-le avant de savoir ce que je te demanderai, dit-elle avec le plus grand sérieux. Je donnai mon accord. Elle y avait sans doute pensé depuis plusieurs jours : promets-moi, me dit-elle, de porter ta culotte, nuit et jour, durant toute une semaine, sans en changer. Chaque jour, sans baisser ton slip, tu te caresseras à fond de telle sorte que ta mouille imprègne bien le tissu. Tu commences aujourd’hui. Mais aujourd’hui, c’est moi qui vais te caresser à fond. Dans huit jours, tu me feras sentir ta petite culotte. D’accord, lui répondis-je après un instant d’hésitation. Dans huit jours, ce sera mon tour de te donner un gage -et j’imaginai immédiatement le gage que je lui imposerai-. Ainsi fut fait. »

- « Là, Esther, tu te moques de moi. Il faudrait être un psychanalyste tordu pour y voir autre chose qu’un jeu d’enfant… » Esther me coupe la parole : « Attends la suite : nous retrouvant dans ma chambre au jour dit, je lui propose, comme gage, d’échanger nos petites culottes : durant toute cette journée, tu porteras la mienne, et moi la tienne ; elle manifeste un geste de répugnance, puis, après un moment d’hésitation, enlève son slip et me la tend. Avant d’enlever ma petite culotte, je laisse volontairement échapper sur le tissu un peu de mon urine. Je lui tends mon chiffon imbibé de ma cyprine et de ma pisse. Elle l’attrape, le palpe, en sent immédiatement l’odeur fétide, montre une affreuse grimace de dégoût. Manifestement, elle n’a nulle envie d’enfiler ce torchon nauséabond ; c’était ça, mon gage, lui dis-je. J’ai accompli le mien comme tu l’as exigé. A toi d’accomplir celui qui te revient. C’est au-dessus de mes forces, avoue-t-elle, gênée, après un moment de silence. Je réfléchis quelques instants puis lui dis : eh bien d’accord. Tu ne porteras pas de culotte aujourd’hui sous ta jupe. Elle blêmit, mais finalement ne dit rien ; elle me rend mon slip que je jette immédiatement dans la poubelle. J’enfile sous ma jupe la petite culotte de mon amie qui reste cul à l’air sous sa jupe. L’idée d’aller cul nu l’avait tout d’abord effarouchée ; mais elle y trouva très vite beaucoup de plaisir, plaisir qu’elle n’eut aucun mal à me faire partager. Penser que nos camarades ignoraient que nous n’avions rien sous notre jupe nous excitait follement. Une fois par semaine, au jour dit, nous portions une jupe, enlevions notre culotte et allions la chatte à l’air. Ces jours-là, le d’jean était banni –ce qui aurait atténué la sensation grisante de liberté que donne la chatte dégagée de son carcan de toile… jusqu’au jour où une chipie, en remontant l’allée pentue de l’amphi de chimie, vit que je ne portais rien dessous ma jupe ; la chipie cria tout fort ‘Esther ne porte pas de culotte’. Tout l’amphi se mit à s’esclaffer. Le professeur parvint à restaurer le calme, et le cours de chimie put commencer. Mais en sortant, un groupe de trois ou quatre étudiants que je connaissais me prit à part et l’un des garçons me demanda : alors, c’est vrai que tu ne portes pas de culotte ? Tout mon univers phantasmatique s’écroula d’un coup... Mes joues prirent la couleur du coquelicot, c’était un aveu. Le garçon dit alors, sur un ton à la fois curieux et menaçant –du moins, c’est ainsi que je l’entendis- : On veut voir ! Un gouffre s’ouvrait sous mes pas. C’est alors que je sentis, pour la première fois de ma vie, monter en moi un orgasme fulgurant qui ne devait rien à l’excitation manuelle, et tout au psychisme. Je n’avais pas encore les mots pour le dire, encore moins la capacité de le décrire, mais ce bonheur physique, venu de mon subconscient, me submergea tellement que je me rappelle très bien avoir pensé à ce moment-là : quoi qu’il puisse m’arriver, je ne regretterai jamais d’avoir ressenti cela ! Rouge de confusion, après un instant d’hésitation, je saisi le bas de ma jupe et la remonte sur mon ventre. J’ai eu la présence d’esprit de répondre d’un air goguenard ‘et alors ! ?’, comme s’il s’agissait d’une façon banale mais paradoxale de m’habiller. Ce qui, heureusement, coupa court à des prolongements malsains. »

Pour dire quelque chose, je remarque : « Tous ces enfantillages ne mènent pas très loin. » - « Détrompes-toi Igor. Comme toute addiction, celle de la perversité exige toujours d’aller de l’avant, d’en faire chaque fois davantage. Les alcooliques savent que c’est la progression et non pas la répétition de la même dose qui amène le plaisir. Souviens-toi du proverbe : l’ennui naquit un jour de l’uniformité. À chaque nouvelle invention, ce que j’avais fait auparavant m’apparaissait dérisoire, et à chaque rencontre, j’essayer de pousser l’audace un peu plus loin. Ces jeux que tu considères comme parfaitement innocents manifestaient, j’en ai repris conscience cette après-midi, une tendance que je refuse absolument. Igor, tu ne peux pas comprendre ce sentiment effrayant. Comme la plupart des gens normaux qui ne sont ni sadiques ni masochistes, juste un peu cochon, comme tous les mâles, tu essayes, dans la vie comme au lit, je suppose, de prouver quelque chose. Il te faut faire jouir une femme pour avoir le sentiment d’exister. Ton bonheur n’est pas d’éjaculer, –pour ça, tu n’as pas besoin de moi, il te suffit d’une petite branlette-. Ton bonheur est de m’entendre hurler de plaisir ; est-ce que je me trompe ? » Je n’ai rien à répondre, j’acquiesce d’un geste de la tête.

« En ce qui me concerne, ajoute Esther, j’ai découvert cette après-midi que ces gestes déplacés révélaient ma nature perverse. » - « Esther, je ne te crois pas. » C’est ce que je répondis ; mais entendre Esther évoquer sa « nature perverse » soulevait dans ma tête un voile qui cachait des fantasmes fascinants - « Ecoute plutôt, Igor, au lieu de toujours me contredire : un jour de ses menstrues, ma copine de jeux a voulu absolument me montrer ses cuisses ; elle m’a donné rendez-vous après le cours. C’est là que j’ai vraiment goûté le plaisir de la trahison. Elle s’était appuyée sur le bord de son lit, avait baissé sa culotte, écarté largement ses jambes pour me montrer fièrement le sang coagulé sur le haut de ses cuisses. Ayant jeté un coup d’œil rapide je lui dis : ça te plairait que je te nettoie ? – D’accord, va chercher un gant de toilette. J’y vais, prends le gant, l’humidifie, l’imbibe d’un gel antiseptique odoriférant. Mais, en même temps que le gant, je ramène une brosse à cheveux. Allongée de dos, et reposant sur les coudes, ma copine ne voit pas les instruments que je tiens à la main. J’essuie sa chatte soigneusement avec le gant de toilette, puis, sans transition, dans le prolongement du même geste, je lui enfonce d’un coup violent le manche de la brosse dans le vagin. Elle hurle, son corps tressaute, finit par crier ‘mais tu es folle’ qu’est-ce que tu m’as fait. Le sang de l’hymen déchiré coule. Elle se met à pleurer. Sans grande culpabilité je lui dis simplement : je t’ai ouvert l’aiguillette, désormais, tu n’es plus une fille, tu es une femme. » Esther s’arrêta. Je sursaute, ébahi : « Je reconnais que, là, tu y as été un peu fort. Mais, Et que s’est-il passé après ? Vous vous êtes quittées ? Ce que je comprendrais. »

« Sa violente réaction me poussa au remord, répartit Esther. Pour la consoler, je lui ai promis que, dès qu’elle le voudra, à l’instant même si tel est son désir, elle me fera subir le même traitement. Et, prise dans mon élan, et sans savoir ce que je proposais, j’ajoutais : et même avec un chausse-pied, si ça peut calmer ton ressentiment. Ma copine resta silencieuse une seconde. C’est d’accord, répondit-elle, mais ce sera la semaine prochaine, même jour, même heure, le temps d’imaginer quelque chose de moins violent que ton manche de bois, ou que ton chausse-pied. Deux jours plus tard, tout excitée, elle me dit : « J'ai trouvé ton gage pour samedi prochain ! » - « Et alors ? » - « J'ai vendu ta virginité à Philibert ! » - « Tu as quoi ? » - « Vendu, oui vendu. Il m'a acheté ta virginité. » - « Mais tu es folle ! » - « Moins que toi lorsque tu m'as déflorée avec le manche de ta brosse à cheveux. » Je pris alors conscience de mon état présent : j'étais la putain vendue par la mère maquerelle. Un flux de sang inonda mon bas ventre. Pour la deuxième fois de ma vie, je connu une jouissance qu'aucune excitation physique ne m'avait jusque là procuré. Au jour et à l’heure dite, elle se présenta devant ma chambre d’étudiante, accompagnée du camarade chez qui nous avions fêté l’anniversaire. C’était Philibert, celui-là même qui nous avait initiées à l’usage érotique des glaçons dans le cul. Elle venait offrir à Philibert la vierge qu'il lui avait payée. Mais ils ont trouvé porte close. Depuis trois jours, décision rapide, j'’avais abandonné mes études et quitté la ville. Nous ne nous sommes jamais revues jusqu’à cet après-midi. »

 

La Passion D'Esther; Rite De Passage.

 

 

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